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16 février 2007

2008 Vallée - Mathilde Monnier & Philippe Katerine

signet0607_monnier_katherinUn sol tout jaune. Sept micros sans fil sur des pieds noirs : un sur le devant, cinq alignés en retrait sur la droite, un tout au fond. Trois filles et deux gars de noir vêtus s’acheminent mécaniquement vers les cinq alignés.

- Qui est cet être humain là, à côté de moi ? Qui chante exactement les mêmes mots que moi ?…

A capella. A moitié juste. Sont-ce des robots ? Inexpressifs leurs gestes saccadés et leur regard figé. Et puis un monsieur en chaussettes, tout en noir aussi, même les chaussettes, arrive du fond au micro du devant et, strident comme une sirène d’alarme :

- J’adoooooore regarder danser les gens !

Une musique forte et rythmée un peu comme dans les discothèques ringardes, l’encourage... - J’adooooooore, j’adooooore… Sur tous les tons, dans les aigus, dans les graves, avec des gestes, avec des mimiques, les cheveux en l’air…

- Et de temps en temps… je coupe le son… je remets le son… et je coupe le son… et je remets le son…. J’adoooooore…

Cela dure assez longtemps, et puis un des deux mecs parmi les cinq alignés se jette sur lui, le fait tomber par terre, se roule avec sur le sol, c’est la bagarre…

Les autres ne voient rien. Ils s’emparent de leurs micros et les déplacent à d’autres endroits. Ils entament d’autres textes, bougent leurs corps, prennent vie, se choquent, s’entrechoquent. Ils enlèvent leurs uniformes noirs. D’abord le haut. Les filles ont de très beaux seins.

- Excuse-moi j’ai éjaculé dans tes cheveux à un moment inadéquat…, vient nous confier l’autre gars, pas celui qui se bagarrait. - Alors excuse moi, alors excuse moi…

- Qu’est-ce qu’il a dit ? J’ai pas compris c’qu’il a dit ? rétorque l’échevelé torse-nu accroupi au sol. Et patati et patata, les filles enlèvent le bas et enfilent slips et sous-pull rose. Ils deviennent tous en sous-pull rose ! Et en slip.

Danse et chant s’entremêlent, les sept protagonistes allant de l’un à l’autre en parfaite indifférence les uns pour les autres.

- Répétez après moi… (voix suraiguë)
- Après moi ! (les autres)
- Non ! Répétez après-moi : on n’a rien compris au film (voix suraiguë)
- On n’a rien compris au film (les autres)
- Répétez après-moi : c’est fou comme on s’la pète (voix suraiguë)
- C’est fou comme on s’la pète (les autres)
- Répétez après-moi : on s’prend pas pour de la merde (voix suraiguë)
- On s’prend pas pour de la merde (les autres)

Et alors ? Alors, le sol se soulèvera lentement pour engloutir inexorablement sept êtres humains en slip et sous-pull rose dans une sorte de monstrueuse vague bruyante et caoutchoutée. Punition ? Prémonition ? Résurrection ?

Roland Caduf - Jobwebzine.com, mars 2006


Je suis donc allé au BFM de Genève hier soir voir mon premier spectacle de danse contemporaine. La salle était pleine à craquer, Philippe Katerine est bel et bien l'artiste hype de ces derniers mois.

Le spectacle, d'une durée d'une heure environ, est très jouissif si l'on apprécie les chansons et l'univers du susnommé. Maintenant, n'y connaissant que pouik en chorégraphie, je n'émettrai pas de jugement sur cet aspect. Par moment, on a l'impression d'un gros bordel où chacun fait ce qu'il veut, ce qui est certainement une impression de néophyte, tout doit être au milimètre ou presque. Ces moments sont d'ailleurs les moins intéressants du point de vue visuel, à mon goût.

Et moi qui suis donc une brêle en matière de danse et qui ne m'y intéresse absolument pas, j'ai été très étonné et ravi d'être par moment scotché par la beauté du truc, la parfaite osmose entre les mouvements des danseurs,  les textes et la musique. Quant on ne s'y attend pas, c'est une sensation vraiment bluffante.

Alors c'est certain que je n'irai pas jusqu'à dire que je vais maintenant aller me farcir des spectacles de ce genre plusieurs fois par saison mais si j'ai l'occasion d'en revoir, j'y irai volontiers et sans à-prioris négatifs. Ce qui est pour moi un vrai progrès car jusqu'à maintenant, cette culture-là me passait vraiment au-dessus. Alors merci Madame Monnier, merci Monsieur Katerine ;-)

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